À l’approche des belles soirées de printemps et d’été…
Le 5 septembre 2011, le comité des habitants du quartier Saint Géry interpellait publiquement le Collège des Bourgmestre et Echevins de la ville de Bruxelles; l’intervention portait sur la santé, la sécurité, le bien-être des habitants qui s’étonnent que les lois et règlements communaux ne sont pas respectés dans le quartier.
Le quartier Saint Géry a connu plusieurs évolutions en une quinzaine d’années. Fin des années ’90, il était un quartier abandonné et même dangereux. Sa proximité géographique avec la Grand-Place, les gares et le centre-ville a favorisé des investissements qui ont entraîné un changement notable et apprécie par tous.
Ces investissements ont été faits par trois acteurs essentiels: la ville de Bruxelles a procédé à d’importants travaux d’aménagement et de rénovation de l’espace urbain (Ilot Saint Géry, Pletinckx, Riches Claires, Grande Ile), des responsables Horeca ont ouvert plusieurs cafés et aménagé sur les terrasses / trottoirs construites par la ville ainsi que les habitants qui ont acheté et rénové de nombreuses maisons et appartements.
En quelques années, Saint Géry était devenu un quartier à nouveau habité, agréable et sécuritaire.
Il devenait un haut lieu de rencontres non seulement de jeunes mais également de touristes et de fonctionnaires internationaux travaillant et vivant à Bruxelles. Des dizaines de ménages, retraités, jeunes ménages, célibataires y vivaient relativement harmonieusement avec le secteur Horeca – et ce jusqu’en 2.000
Malheureusement, cette réussite n’a duré que quelques années.
Des excès en tout genre – et de plus en plus nombreux - ont été enregistrés sans que les autorités communales ne les anticipent et/ ou interviennent. On y reviendra.
Le succès des établissements nouvellement installés dans le quartier a donné des idées à d’autres promoteurs et c’est ainsi que l’on a vu s’ouvrir, partout où c’était possible mais aussi où c’était interdit, des cafés se transformant, au fil de la nuit, en discothèques clandestines.
Les pas de porte et les marches d’escaliers des maisons autour des Halles, les trottoirs et appuis de fenêtre, les toits des voitures en stationnement sont devenus, selon l’heure de la nuit, des endroits pour déposer les verres, des espaces café, des pissotières, des lieux d’agitation bruyante, des endroits pour vomir… sans parler des graffiti sur tous les murs disponibles.
En quelques années, de nombreux cafés se sont ainsi ouverts, éliminant les quelques derniers commerces non Horeca qui existaient encore; c’est ainsi que l’on a vu disparaître un salon lavoir, deux magasins de vêtements, un magasin de souvenirs, une banque, un supermarché asiatique,…
La multiplication de ces établissements Horeca a eu trois conséquences essentielles :
- le renforcement de la mono fonctionnalité du quartier qui perd ainsi son attrait,
- la diminution importante de la qualité de vie pour les habitants dont certains résidents présents depuis plusieurs décennies et d’autres qui avaient fait le pari d’un retour en ville,
- la concurrence entre Horeca, faisant en sorte que certains restent ouverts toute la nuit, organisent, sans autorisation, des concerts dans des endroits non agréés pour cela, accueillent un nombre de clients supérieur à celui autorisé, pour des motifs de sécurité, par les pompiers. On a un phénomène de concurrence à l’infraction !
Lors de l’interpellation, les habitants ont dénoncé
- Le non respect des normes de sécurité, édictées par les pompiers, concernant le nombre de clients admissibles à l’intérieur de certains établissements n’ayant aucune sortie de secours (un incendie provoquerait une catastrophe nationale, car touchant plusieurs maisons très anciennes),
- Le non respect des normes en matière de bruit ; les cafés / disco diffusant de la musique jusque 5 heures du matin et organisant des soirées Karaoké, des soirées privées, des soirées DJ, des concerts dans des lieux inappropriés pour ces activités,
- Le non respect des normes urbanistiques: de nombreux établissements n’ont aucune autorisation pour l’Horeca et certains, pourtant bien connus, n’ont aucune autorisation pour s’étendre au premier étage,
- Le non respect des normes environnementales: Saint Géry est devenu un quartier bruyant, mono fonctionnel, sale, les cheminées pour les odeurs ne sont pas à la bonne hauteur (restaurants,…),
- Le non respect des personnes fragiles : les personnes âgées du home Candler ne peuvent plus dormir (4 discothèques dont trois clandestines ouvertes la nuit à moins de 50 m de leurs fenêtres)
- Le retour de la violence et de l’insécurité : vers 2 h du matin, quand certains établissements géographiquement proches du quartier ferment, une population plus diversifiée et moins sympathique arrive en masse. Vols, agressions physiques et bagarres sont enregistrés de plus en plus souvent vers 4 ou 5 du matin.
Les habitants ont rappelé
- qu’ils étaient conscients d’habiter un centre ville animé mais que cela ne signifiait pas une autorisation de laisser-aller permanent permettant aux seuls Horeca, sous prétexte (ridicule) d’animation du centre urbain, de ne pas respecter systématiquement les règlements,
- que d’autres villes imposaient des heures de fermeture, des contrôles plus réguliers et des sanctions pour des infractions, sans pour cela que les libertés du citoyen soient mises en danger !
- qu’ils ne demandaient pas de nouveaux règlements mais que, en tant que démocrates, ils exigeaient du collège des Bourgmestre et Echevins l’application des lois et règlements,
- que l’animation d’un centre ville exige des compétences et un apport multidisciplinaire et ne consiste pas à laisser faire des cafés ne respectant pas les lois. L’animation et la gestion politique d‘un centre ville doivent associer l’ensemble des acteurs (donc aussi les habitants). Le succès d’une véritable politique relative à l’animation d’un centre ville ne se mesure pas au nombre de cafés et de clients.
- qu’ils demandaient un audit pour le quartier et un moratoire sur l’ouverture de ces établissements, une heure de fermeture obligatoire, le respect des normes de l’IBGE.
- que la nouvelle loi n’autorisant plus les clients à fumer à l’intérieur des établissements n’autorisait pas la transformation de l’espace public en annexe de ces établissements, permettant aux clients de sortir avec leur consommation et ainsi de construire, in situ et de facto, de nouvelles « terrasses » sur la voie publique.
- que l’occupation de la voie publique par les Horeca et leurs clients (jusque 03 - 04 heures du matin), 4 ou 5 fois par semaine, n’est pas le signe d’une bonne gestion politique de l’espace public ni de sa capacité d’anticipation.
Au moment de l’interpellation, les habitants ont rencontré la presse, d’autres comités de quartier et demandé, via des banderoles, le « RESPECT » .
A l’issue de l’interpellation, Monsieur le Bourgmestre s’est engagé à convoquer des réunions de travail destinées à exposer les problèmes et trouver des solutions qui satisfassent l’ensemble des acteurs.
Les habitants ont fait confiance en la démarche tout en insistant, dès le début, pour dire que si un certain nombre de points pouvaient être discutés, d’autres ne nécessitaient aucune réunion puisqu’il s’agissait simplement d’appliquer la loi communale.
« Quand la loi n’est plus respectée, le politique (pour certains) ne devient plus respectable. Et lorsque le politique n’est plus respectable, il n’y a plus de citoyens mais des clients - des clients de cafés, des clients électoraux. Et une société de clients est une société où la démocratie est en danger. »
20 semaines après cet événement
1. Trois réunions ont été organisées
a) Une première présidée par Monsieur le Bourgmestre accompagné de deux échevins, des membres de leurs cabinets et de leur administration a permis de faire un état des lieux des problématiques rencontrées
b) Une seconde réunion a été consacrée à l’information relative aux permis d’urbanisme en matière de terrasses, ouverture de nouveaux Horeca et gestion de la voie publique.
c) Une troisième réunion a été consacrée à infractions, aux permis en matière d’urbanisme
d) Une rencontre a eu lieu au Cabinet du secrétaire d’état Monsieur KIR
e) Des contacts réguliers se poursuivent avec la Police, l’ensemble des partis politiques représentés au conseil communal, l’IBGE, la région bruxelloise, des comités de quartier, des spécialistes de la gestion urbaine, la presse…
2. L’Horeca poursuit et intensifie ses activités sans réaction significative des autorités communales :
- Le Mapa Mundo a fait une demande d’extension à la maison voisine et au premier étage ; la commission de concertation de la ville a donné un avis négatif. Les habitants attendent que le collège suive cet avis.
- le Budhhasia organise, sans autorisation, des soirées bruyantes et dansantes.
- Le Rêve d’Asie ne respecte pas les normes relatives au bruit et l’odeur (cheminées pas assez hautes pour l’extraction des odeurs)
- le Café Central organise, parfois trois fois par semaine, des soirées DJ commençant à 23 heures ainsi un concert par semaine (total : 4 soirées spéciales par semaine). De plus, il ne peut, selon les pompiers, accueillir qu’un maximum de 80 personnes – et ce pour des raisons évidentes de sécurité (pas de sortie de secours). Pour ces activités concerts et DJ et dansantes, régulières, il faudrait un autre permis. Les cheminées d’extraction de fumée ne sont pas conformes.
- Le Java organise des concerts et soirées DJ, parfois dès le jeudi soir
- le Shamrock a ouvert un disco non autorisée dans ses caves
- le Bar En Face entretient son espace de danse, pourtant non autorisé,
- le Mezzo a une sono quatre fois par semaine (de 01 à 05 du matin) ; l’infraction en matière de bruit a été plusieurs fois constatée. Il n’a toujours pas remplacé son toit et changé la couleur de la façade, malgré les rappels de l’urbanisme
- les cheminées pour l’extraction des odeurs de certains restaurants de la rue Van Praet ne sont pas à la bonne hauteur, selon des constats officiels et documentés. Elles doivent s’élever plus haut que les toitures ; certaines doivent également être remplacées car trop vétustes et inefficaces.
- les habitants du Candler (personnes âgées et malades, locataires de l’immeuble géré par le CPAS !!!) ne peuvent plus dormir non seulement à cause de la Salsa (mais également du Mezzo, du Café Central, du Bar En Face, du Paris). Certaines ressentent les vibrations de la musique aux étages ; la largeur d’une simple rue séparant ces deux lieux.
- le Roi des Belges et le Mapa Mundo continuent d’exploiter sans autorisation le premier étage
- Gecco, Java organisent des concerts amplifiés par des baffles grésillant et tonitruant de nuit et de jour (terrasses) – et spécialement les samedis et dimanches
- les caves-discothèque des Halles St Géry ouvrent le weekend : le bruit des basses est systématique dès les vendredi soir dès 23h. Plusieurs appartements gérés par la Régie Foncière de la Ville de Bruxelles ont leur living et parfois leur chambre à coucher côté place St Géry.
Etc…
Le Quartier Saint Géry se transforme plusieurs nuits par semaine en discothèque en plein air – ce qui n’est pas tolérable dans une zone de protection accrue de logements. Musique, cris et bagarres peuplent les nuits des habitants.
Le Quartier ne sera bientôt plus qu’une grande terrasse (certains trottoirs de certaines rues étant 100% terrasses). Il est des records (la plus grande terrasse de la ville, du pays ???) que les habitants ne souhaitent pas voir atteints.
On ne compte plus les appels des habitants aux services de Police, pendant la nuit. (La Police enregistre de 5 à 10 appels, par nuits, certains WE).
La situation n’a donc pas changé depuis l’interpellation
au Collège des Bourgmestre et Echevins.
Les habitants demandent un sursaut citoyen de la part des autorités communales afin qu’elles gèrent le quartier tel que prévu : un quartier inscrit dans une zone de protection de logements.
Ils demandent des décisions urgentes et immédiates :
.
1. que les établissements mal isolés ne soient plus autorisés à diffuser de la musique après minuit et, de toute manière, soient obligés de respecter les normes de l’Institut Bruxellois de Gestion de l’environnement,
2. que les restaurants de la rue Van Praet soient dotés de cheminées à hauteur réglementaire (au-dessus des toits),
3. que les discothèques clandestines soient immédiatement fermées,
4. que les avis des pompiers soient respectés,
5. que les terrasses des restaurants et cafés n’empêchent plus le passage des habitants, dont certains se déplacent difficilement,
6. que la concentration de centaines de consommateurs (fumeurs) dehors (ils seront encore plus nombreux dans quelques semaines quand le beau temps reviendra) puisse être gérée. (les gens ont le droit de se retrouver dehors et de parler… ne pas autoriser la sortie avec la consommation serait une piste),
7. que les établissements Horeca respectent le règlement communal (c’est la moindre des choses)
8. que la sécurité publique soit exercée par l’Autorité publique
9. que le pouvoir communal sanctionne, chaque fois que le non respect des lois et règlements est constaté; il doit être d’autant plus sévère lorsque les infractions sont répétées et systématiques. Il doit exercer l’ensemble de ses responsabilités.
10. . que soit bannie l’instruction arbitraire des PV réactifs et concomitants et qu’il y ait une coordination interdépartementale (Police administrative au sein de la Commune)
11. Qu’un moratoire sur l’implantation des cafés soit opéré et que l’on procède à un audit, avec les habitants, sur les difficultés du quartier.
Les habitants programment de nouvelles actions et comptent bien profiter de la prochaine campagne électorale communale pour interpeller et exiger des engagements clairs de tous les partis politiques démocratiques.
Les animations sont programmées par l’Horeca qui sait que cela entraine des nuisances systématiques et répétées Les nuisances sont donc volontaires Ce sont des infractions Elles sont systématiques Elles sont impunies |
CONTACTS ET INFORMATIONS :
Comité des habitants du quartier Saint Géry
Adresse électronique : sintgorikscomite@gmail.com
Marc De Maeyer : 0486 83 89 59
Marie Caraj
Sylvia Picard
Anne Sophie Vanneste
Roel Kerkhofs
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